Et si on parlait de l’anime grand prix n°17 de mai 1995 du magazine Animage ?


L’Anime Grand Prix 1994 du magazine Animage est un événement qui a marqué le paysage de l’animation japonaise. Organisé annuellement depuis 1979, cet award est voté par les lecteurs d’Animage, l’un des magazines les plus influents dans l’industrie des animes au Japon. L’édition n°17 a particulièrement mis en avant des séries et des films d’animation emblématiques de cette période.
L’anime arrivé premier en 1994 est ?


Yu Yu Hakusho. La série était extrêmement populaire à ce moment-là. Yu Yu Hakusho, créé par Yoshihiro Togashi, raconte les aventures de Yusuke Urameshi, un jeune délinquant devenu détective du monde des esprits. La série mêle action, arts martiaux et éléments surnaturels, ce qui a fortement séduit le public. Le succès de Yu Yu Hakusho s’explique par ses combats épiques, ses personnages charismatiques comme Hiei, Kurama et Kuwabara, ainsi que la richesse de son scénario. Ce succès à l’Anime Grand Prix 1994 montre l’impact que cette série a eu sur le public japonais et, par extension, sur la culture anime des années 90.
Les 2 premiers sont assez légitimes. Après Yu Yu Hakusho, on retourve Sailor Moon S. Mais est-ce surprenant d’avoir Akazukin Cha Cha en troisième place ?


Akazukin Cha Cha (ou Chacha la Petite Chaperon Rouge), est une série très différente des deux premiers titres. C’est une comédie magique orientée vers un public plus jeune, avec un ton léger et humoristique. Elle mélange de la fantasy et des éléments de conte de fées, tout en y ajoutant un style parodique et absurde. Contrairement à Yu Yu Hakusho qui repose sur des combats intenses et des thèmes plus sombres, ou Sailor Moon qui intègre des combats pour la justice avec des enjeux plus sérieux, Akazukin Cha Cha est plus léger et joyeux. Le succès d’Akazukin Cha Cha dans ce classement peut être attribué à plusieurs facteurs. En premier lieu la série apportait une sorte de fraîcheur et de douceur qui plaisait à un large public, en particulier aux jeunes spectateurs et aux amateurs de comédie. En parodiant souvent les codes des séries de magical girls, elle a aussi séduit un public plus large, qui appréciait l’aspect satirique et l’autodérision de l’anime. La série a bénéficié d’une bonne visibilité grâce à ses horaires de diffusion. Elle avait aussi des éléments accessibles à toute la famille, ce qui a probablement renforcé son succès auprès d’un public varié. Même si son ton était différent des animes plus « sérieux » qui dominaient à l’époque, son charme indéniable et son aspect divertissant expliquent pourquoi elle a pu arriver en troisième position de l’Anime Grand Prix 1994. Elle a peut-être également capturé l’attention d’une tranche de public plus jeune ou de spectateurs qui cherchaient quelque chose de plus léger et relaxant.
On retrouve Macross 7 en cinquième place, qu’en penses-tu ?


Macross 7 a effectivement rencontré un certain succès, mais il est difficile de dire qu’il a surpassé ses prédécesseurs en termes de popularité globale. La franchise Macross jouissait déjà d’un statut culte avec des titres précédents comme Super Dimension Fortress Macross (1982) et le film Macross: Do You Remember Love? (1984), mais Macross 7 a pris une direction assez différente, ce qui a divisé les fans. Contrairement aux premiers titres de la franchise qui combinaient des éléments de space opera, de romance et de combats mecha avec des intrigues politiques, Macross 7 a mis un fort accent sur la musique et l’aspect pop culture. Le personnage principal, Basara Nekki, est un rockeur charismatique qui se bat littéralement en chantant sur le champ de bataille, ce qui a apporté un ton plus léger et axé sur la musique. Ce changement de ton a plu à un public plus jeune, mais a déconcerté une partie des fans de la première heure. L’une des grandes forces de Macross 7 était sa bande-son très développée, avec des chansons du groupe fictif Fire Bomber (avec Basara en tant que chanteur). La musique a joué un rôle central dans l’anime, avec des concerts et des performances énergiques qui ont fortement contribué à la popularité de la série, notamment chez les fans de la culture pop et musicale.
Macross est une série qui compte une grande base de fans depuis sa première série. Est-ce que les fans de la première heure y ont trouvé leur compte ?


Beaucoup de fans de la première génération de Macross ont été déroutés par l’approche plus légère de Macross 7. L’histoire est moins sombre et sérieuse que celle de ses prédécesseurs, et l’idée de combattre des extraterrestres avec de la musique semblait moins dramatique que les intrigues de guerre et de romance épiques auxquelles ils étaient habitués. Malgré les critiques, Macross 7 a connu un succès commercial. Ses ventes de CD et de produits dérivés, notamment autour du groupe Fire Bomber, ont été solides, et la série a attiré un nouveau public. Super Dimension Fortress Macross (1982) reste sans doute la série la plus emblématique de la franchise, avec son mélange innovant de mecha, de romance et de musique. Elle a marqué une génération et jeté les bases de la mythologie Macross. Macross: Do You Remember Love? (1984), un film d’animation culte, est considéré comme un chef-d’œuvre visuel et musical, ayant renforcé l’image de la franchise. Macross Plus (1994), sorti la même année que Macross 7, s’adressait à un public plus mature et a également connu un fort succès critique avec des animations spectaculaires et une bande-son électronique composée par Yoko Kanno. En résumé, Macross 7 a eu son propre succès grâce à son orientation musicale et à son approche plus légère, mais il n’a pas nécessairement surpassé l’impact culturel des précédentes séries de la franchise. Il a élargi l’audience de Macross, en attirant un public plus jeune, tout en divisant certains des fans de longue date.
On trouve un peu plus loin la série Haō Taikei Ryū Knight. Est-ce que la série a eu un gros succès au japon car elle est pratiquement inconnue en France ?


Haō Taikei Ryū Knight, souvent simplement appelé Ryu Knight, a effectivement rencontré un certain succès au Japon, mais il est resté largement méconnu en France et à l’international. Diffusée à partir de 1994, cette série se démarquait dans le genre mecha-fantasy, mélangeant robots géants et un univers fantasy médiéval, un concept assez unique pour l’époque. Ryu Knight s’adressait principalement à un public jeune, avec un ton léger et un accent sur l’aventure et l’humour. Ce ton familial, accompagné de combats de mechas dans un décor de fantasy, a su attirer un public fidèle parmi les jeunes téléspectateurs. La série a connu une popularité raisonnable au Japon, bien que ce ne soit pas un hit majeur. Elle a néanmoins bénéficié de plusieurs arcs narratifs, d’une série télévisée de 52 épisodes, suivie de quelques OAV et d’une série dérivée, ce qui indique un certain niveau de succès commercial. Comme beaucoup d’animes à l’époque, Ryu Knight a généré des ventes de jouets, des maquettes de robots et des jeux vidéo. Ce merchandising a contribué à prolonger la vie de la série au-delà de sa diffusion télévisée, même si elle n’a pas atteint la notoriété de franchises mecha plus établies comme Gundam ou Macross. En France, l’espace médiatique pour les séries d’animes devenait de plus en plus compétitif, surtout avec la montée des grosses franchises déjà bien établies. Ryu Knight n’a tout simplement pas trouvé sa place face à des titres plus accrocheurs et reconnus, notamment dans les genres de la fantasy ou du mecha. Le mélange de mecha et de fantasy n’était pas nécessairement un genre très populaire en dehors du Japon, du moins pas au même niveau que les récits de science-fiction ou les comédies romantiques fantastiques qui dominaient le marché international. C’était un titre sympathique, mais pas suffisamment marquant pour percer à l’international, surtout face à des concurrents plus imposants dans les genres mecha et fantasy.
Je suis content de trouver la série d’OAV de Please Save My Earth à la 11ème place, surtout qu’elle sortira en France dans les années suivantes et qu’elle est ma première VHS en VO sous-titré. Comment la série fût perçue au Japon ?


Please Save My Earth (Boku no Chikyū o Mamotte) a été bien accueillie au Japon, particulièrement par les fans de shōjo manga et de science-fiction. L’anime était basé sur un manga très populaire, et bien que la série d’OAV n’ait pas couvert toute l’histoire, elle a su capturer une partie de l’essence et du mystère de l’œuvre originale. Les thèmes de réincarnation, d’amour tragique et de science-fiction ont fortement résonné auprès du public, surtout chez les jeunes adultes et les fans de récits complexes. Cependant, comme c’était une série d’OAV relativement courte, elle a peut-être été éclipsée par des productions plus longues ou plus populaires. Le fait qu’elle ait atteint la 11e place à l’Anime Grand Prix est un bon indicateur de son impact, même si elle n’a pas eu la visibilité internationale immédiate des autres séries.
La musique était très bonne. Son thème principal est d’ailleurs 20ème du top des anisong du classement.


Oui, la musique de Please Save My Earth a été très appréciée, et son thème principal, « Tōi Kono Machi de » interprété par Yōko Kanno, est souvent cité comme l’un des plus mémorables. Le fait qu’il ait atteint la 20e place dans le classement des anisong du Anime Grand Prix montre à quel point il a marqué les fans. Yōko Kanno, qui est devenue célèbre pour ses compositions sur des œuvres telles que Cowboy Bebop et Macross Plus, a su apporter une atmosphère unique à l’anime grâce à des mélodies à la fois mélancoliques et envoûtantes, qui correspondent parfaitement aux thèmes de réincarnation et de drame tragique de l’œuvre. La qualité de la bande-son a sans doute contribué à la popularité de Please Save My Earth auprès de ceux qui ont regardé les OAV, même si l’anime n’a pas eu un rayonnement aussi large que certaines autres séries de l’époque.
Le manga s’était certainement bien vendu.


Oui, le manga Please Save My Earth s’était très bien vendu au Japon. Écrit et illustré par Saki Hiwatari, il a connu un grand succès, notamment grâce à son mélange unique de science-fiction, de romance et de réincarnation, qui a su captiver un large public. La série a été publiée de 1987 à 1994 dans le magazine Hana to Yume et a totalisé 21 volumes, ce qui est un signe de sa popularité. Ce succès s’est aussi traduit par l’adaptation en anime avec la série d’OAV, mais le manga a eu un impact plus durable, notamment en raison de la profondeur de son intrigue et de ses personnages, difficile à transposer entièrement dans les six épisodes des OAV. Le manga était également considéré comme plus riche et complexe que l’anime, avec des éléments narratifs développés sur une longue période, ce qui a permis de fidéliser un public de fans.
Le manga est sorti beaucoup plus tard en France (voire trop tard). Ca n’a pas dû aider non plus à sa pénétration dans le marché français. En parlant du top d’anisong, c’est le premier générique de Magic Knight Rayearth qui arrive en tête. Y-a-t-il une explication ?


Le succès de Magic Knight Rayearth et son générique peut s’expliquer par plusieurs facteurs. Le premier générique, « Yuzurenai Negai, » interprété par Naomi Tamura, est accrocheur et marquant, avec une mélodie puissante qui a beaucoup plu aux auditeurs. La série elle-même combinait des éléments populaires : l’univers des magical girls, des scènes d’action et une histoire de fantasy. En plus, Rayearth a bénéficié de la popularité du studio CLAMP, qui avait déjà conquis un large public avec leurs autres œuvres. Le générique capturait parfaitement l’esprit épique et émotionnel de la série, ce qui l’a rendu incontournable dans les playlists des fans à cette époque. Le contexte de 1994-1995 était aussi propice à l’essor de ce genre de mélanges entre action, fantasy et magie, ce qui a renforcé la popularité de la série et de sa bande sonore.
Pour finir sur l’année 1994, dans le classement des doubleuses, on observe que Megumi Hayashibara laisse la première place à Megumi Ogata. C’était un peu une surprise non ?


Oui, c’était une surprise à l’époque. Megumi Hayashibara, qui avait dominé le classement des seiyuus pendant plusieurs années, était une figure incontournable grâce à ses rôles emblématiques dans des séries comme Ranma 1/2, Slayers, et Neon Genesis Evangelion (Rei Ayanami). Sa popularité était immense, tant pour son talent d’actrice que pour ses performances musicales. Cependant, en 1995, Megumi Ogata a créé la surprise en lui volant la première place. Ogata avait fait une percée notable grâce à son rôle de Kurama dans Yu Yu Hakusho, un personnage très populaire, ainsi que pour sa performance en tant que Sailor Uranus dans Sailor Moon S. Ces rôles étaient particulièrement appréciés du public, notamment pour la profondeur qu’elle apportait à ses personnages, et cela a certainement joué en sa faveur dans le classement.
Mais elle va revenir en force avec les séries des années 1995 et 1996.


Exactement, Megumi Hayashibara reviendra rapidement sur le devant de la scène grâce à son incroyable polyvalence et à une série de rôles marquants dans les animes des années 1995 et 1996. Parmi ces rôles, on peut citer Lina Inverse dans Slayers, qui deviendra une icône du genre fantasy comique, et bien sûr, Rei Ayanami dans Neon Genesis Evangelion à la fin de 1995, un rôle culte qui lui permettra de reconquérir sa place de leader parmi les seiyuus. Elle continuera également à briller avec ses performances musicales. Les génériques de Slayers ont contribué à renforcer sa popularité dans le domaine des anisongs, lui permettant ainsi de regagner sa place dans les classements. Hayashibara était une figure centrale de l’industrie à cette époque, et son influence s’étendra encore dans les années suivantes, confirmant son statut d’icône incontournable de l’animation japonaise.
Nous pouvons finir avec le classement des meilleurs animes « de tous les temps ». Comme c’est encore le cas dans cette période, les gagnants de l’année prennent des places à d’anciens titres même s’ils disparaitront pour la plupart de ce classement dans les années suivantes. On y trouve 3 saisons de Sailor Moon ou Akazukin Chacha avec Yu Yu Hakusho devant Nausicaa. La comparaison de série télé et de film n’aide pas non plus ce classement à trouver une certaine cohérence. Cela étant, la plupart des séries et films présents antérieurs à l’année 1994 ne sont pas là par surprise. On trouve plusieurs films de Hayao Miyazaki, la première série de Macross ou encore Fushigi no Umi no Nadia du studio Gainax (studio qui va revenir en force en 1995).

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