Endof-1994

Endof-1994

En 1994, tu regardais toujours beaucoup d’animes. Comment cela a-t-il évolué vers la fin de l’année ?

Fin 1994, j’étais toujours dans le classique. Je disposais de moins en moins de temps pour regarder des émissions hors vacances scolaires (il fallait donc tout enregistrer via le magnétoscope). Les séries principales que je regardais étaient les mêmes que pour tout le monde, à savoir Dragon Ball, Sailor Moon et Ranma 1/2. La variété des dessins animés diffusés commençait à diminuer en se recentrant soit sur des séries françaises, des sitcoms et les séries à succès en cours. La 5 n’étant plus ce qu’elle était et les quotas de production française ont probablement facilité cette stagnation du marché (qui va petit à petit se centrer sur les sorties VHS).

Tu as mentionné que les jeux vidéo étaient également importants pour toi en 1994. Quels titres t’ont particulièrement marqué cette année-là ?

1994 a été une année charnière en matière de jeux vidéo me concernant. J’ai commencé à m’intéresser au J-RPG. Cela vient à la fois des magazines qui mettaient de plus en plus ce genre en avant, car très présent au Japon (l’essentiel des jeux étant également japonais) et surtout, assez proche de ce que l’on pouvait voir dans les animes. La boucle était bouclée. On reviendra sur le côté import plus tard. En France, on découvrait Mystic Quest sur Super Nintendo. Avec le recul, ce jeu était facile (en plus vendu avec un guide) et bien en-dessous des productions qui sortiront en France ensuite. Cependant cela permettait d’avoir une entrée en douceur sur ce genre dont le principal défaut était la langue. La majeure partie était bien entendu en japonais et les quelques titres sortant aux US demandaient de lire l’anglais, chose que je débutais à l’époque. Secret of Mana sortira en fin d’année et sera mon cadeau de Noël pour cette année. Le jeu sera également accompagné d’un guide mais globalement, ce dernier sera surtout utile pour les objets. Dans cette année, il y a eu également Super Metroid… et bien d’autres. Bref, c’était l’âge d’or de la Super Nintendo à la maison.

Que penses-tu de la concurrence entre la Super Nintendo et la Megadrive à cette époque ?

La qualité et la variété des jeux. Sur Megadrive, on trouvait beaucoup de bons jeux. Le problème était plutôt l’argent pour tout acheter. Ayant commencé par l’achat d’une NES en fin des années 80, je suis resté fidèle à Nintendo. À l’échelle nationale, je ne me prononcerais pas car ceux qui possédaient une Megadrive y trouvaient quand même leur compte.

Est-ce que cette rivalité entre la Super Nintendo et la Megadrive était marquante pour toi ?

C’était plus marketing et accessoirement des débats d’enfant pour savoir quelle était la meilleure. Comme je l’ai dit, avoir les deux nécessitait à la fois les revenus et aussi le temps pour jouer. Donc en fonction de celle qu’on avait, on devait plus ou moins être en accord avec ce qui sortait dessus (ou plutôt, il n’y avait pas le choix). Bien sûr, la solution a souvent été de se prêter les consoles ou d’aller chez ses amis. Comme dit plus tôt, j’ai acheté la Super Nintendo car j’avais une Nintendo NES. J’appréciais ce que je voyais sortir dans les magazines sur cette console, donc j’ai suivi le mouvement.

Tu as mentionné que les jeux d’import t’intéressaient aussi. Comment faisais-tu pour te tenir informé des sorties japonaises et pour accéder à ces jeux depuis la province ?

Je lisais les magazines, principalement Super Power qui parlait exclusivement des consoles Nintendo. Via lui et certains de ses reportages, je suivais l’actualité dans son ensemble. C’est le fait d’avoir une mini-solution de Final Fantasy VI dans trois numéros du magazine qui a fini par me motiver à acheter le jeu en américain malgré mon manque de connaissance de l’anglais (mais toujours plus facile que de lire du japonais).

Était-ce difficile de jouer à des jeux en anglais, comme Final Fantasy VI ?

Pas trop grâce à la solution qui, bien que sommaire, donnait la liste des lieux où aller et dans quel ordre. Le reste, c’était assez facile de traduire, au pire avec un dictionnaire. Mais beaucoup de mots utilisés sont des homonymes ou, de toute façon, on comprenait rapidement à quoi cela servait. La première partie du jeu est assez linéaire. C’est une fois que l’on a dépassé le World of balance que le jeu nous laisse plus libre et donc la difficulté sans cette soluce aurait été supérieure. Je me suis de toute façon arrêté quasiment vers la fin, car le jeu demandait beaucoup trop de temps pour monter le niveau des personnages. C’était frustrant mais j’ai fait avec. Mais nous en reparlerons pour l’année 1995.

Est-ce que cette expérience t’a motivé à continuer à jouer à des jeux d’import ?

Cela m’a surtout conforté dans l’idée de jouer à des J-RPG et donc, oui, à jouer à des jeux en import tout en achetant des jeux français quand ces derniers étaient disponibles. À part les types de jeux très japonais, nous avions accès à beaucoup de titres majeurs de plateforme, sport, courses… On va dire que c’était un mix des deux.

Qu’est-ce qui te passionnait le plus à l’époque : les jeux japonais ou ceux disponibles en France ?

L’intérêt et l’excitation étaient forcément sur ce à quoi je n’avais pas accès (les jeux japonais, la Neo Geo), mais en fait, les jeux sortant en France, malgré des traductions plus ou moins bonnes comme le montrent Secret of Mana ou Mystic Quest, restaient la priorité et donc, au final, ce que je suivais le plus. À cette époque, il faut voir que dans nos environs, un service de location de jeux (à la semaine, le week-end) s’était mis en place dans une boutique à une vingtaine de kilomètres de chez moi (la seule qui proposait des jeux d’import et quelques mangas). J’ai donc eu quand même accès à quelques jeux d’import qui pouvaient se finir en quelques heures. Sans cette boutique, de toute façon, peu de choses auraient été possibles à tous les niveaux.

Quels jeux d’import as-tu pu tester grâce à ce service de location ?

Les jeux en location dont je me souviens encore sont par exemple des jeux Dragon Ball ou encore Joe & Mac 3. J’ai dû pouvoir tester d’autres petits jeux, mais moins marquants. Le véritable intérêt derrière la boutique était surtout qu’elle rendait « réel » ce que l’on pouvait lire dans les magazines, dont l’accès à certains mangas, mon premier étant le volume 39 de Dragon Ball en japonais. Je ne regardais que les images et, en plus, nous n’en n’étions pas encore là dans le dessin animé. Donc pour comprendre, ce n’était pas simple. Mais on va dire que la machine était lancée.

Mon exemplaire du volume 39 de Dragon Ball

Quel a été ton ressenti en découvrant ces mangas japonais, même si tu ne comprenais pas la langue ?

Le nombre de mangas disponibles en France était limité fin 1994, et ma série préférée était encore Dragon Ball. Donc même si je ne comprenais pas vraiment, c’était un plaisir d’avoir un peu l’histoire en avance. Puis j’ai acheté les volumes suivants jusqu’au 42. L’anime rattrapait tranquillement le volume 39 donc à un moment, j’ai fini par comprendre. Dragon Ball n’est pas un manga très complexe et la fin est très portée sur le combat. J’ai aussi commencé à acheter des anime comics (mise en manga de film ou série). Cela m’a permis de « voir » Bio Broly sans le voir. Encore une fois, en japonais, je ne comprenais pas grand-chose, mais cela entretenait toujours plus mon intérêt pour tout cet univers.

As-tu envisagé d’apprendre le japonais pour mieux comprendre ces œuvres importées ?

C’était une éventualité. Le problème, c’est que trouver des cours de japonais à la campagne en 1994-1995, ce n’était pas facile… Le seul moyen d’apprendre était d’aller dans un lycée qui proposerait la langue en LV3, mais il n’y en avait qu’un seul qui m’aurait obligé à être en internat. Il y a quand même eu quelques hésitations, car aller dans ce lycée m’aurait permis d’aller au conservatoire plus tôt. L’internat ne m’intéressant pas et, au final, cela ne m’aurait pas apporté grand-chose sur le court terme. Cela n’était qu’un loisir et non un plus pour mon avenir.

Penses-tu que cela aurait changé ta manière de consommer ces œuvres si tu avais appris le japonais à l’époque ?

Peut-être, mais au final, le pouvoir d’achat limitait les acquisitions. Comme les sorties manga, anime et jeux vidéo en France étaient de plus en plus nombreuses, elles auraient été prioritaires même si j’avais été en capacité de comprendre le japonais.

L’ensemble des magazines sont à retrouver sur l’excellent site https://www.abandonware-magazines.org

Comments

No comments yet. Why don’t you start the discussion?

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *